Kia ora ! Aujourd’hui cela fait exactement trois ans que je suis arrivé en Nouvelle-Zélande.

Il y a 3 ans j’étais perdu dans une ville de béton, seul et gravitant dans le milieu de la photo commerciale et de mode. Vivant dans une industrie de la consommation, alors que le monde s’effondre un peu plus chaque jour … J’ai donc décidé de tout quitter pour faire quelque chose de plus utile, nourrissant l’espoir qu’un jour peut-être, je pourrais travailler dans la protection de l’environnement.

Aujourd’hui ? Je suis Tara iti Ranger pour le Department of Conservation, le ministère de la protection de la vie sauvage en Nouvelle-Zélande. Je passe mes journées sur une magnifique plage à surveiller et protéger l’oiseau natif le plus rare de Nouvelle-Zélande. Il reste seulement 37 individus dans le monde.

Honnêtement, je n’arrive toujours pas à y croire. Quelqu’un m’aurait dis cela possible il y a 3 ans je ne l’aurais probablement pas pris au serieux. Mais ça n’a pas été de tout repos, si bien que l’idée d’un petit bilan à fait son chemin. J’espère que cela pourra aider certains ou motiver d’autres à suivre leur rêves ! Alors comment suis-je passé de la photo de mode, à la protection de l’oiseau le plus rare de Nouvelle-Zélande ? Je vous raconte tout !

Gave up the camera for the scope

Le volontariat

Reprendre des études à 30 ans pour travailler dans un secteur qui n’embauche que peu en France ne me semblait pas judicieux. N’ayant pas d’idée précise j’ai donc décidé de partir pour un tour du monde, en mettant l’accent sur la découverte de nouvelles façons de vivre et l’éco-volontariat. La Nouvelle-Zélande donnant beaucoup de moyens pour la protection de l’environnement, cela semblait le parfait lieu pour commencer cette nouvelle aventure. Voici un article sur comment trouver de l’éco-volontariat en Nouvelle-Zélande.

À peine le temps de mettre à peu près de l’ordre dans mes papiers, faire un nouveau passeport et demander un PVT, me voilà en route pour la Nouvelle-Zélande.

L’avantage du volontariat est que vous pouvez choisir ce que vous voulez faire. À mon troisième jour, je commencais déjà à travailler pour le Native Bird Rescue of Waiheke et quelques jours après pour Auckland Regional Park à Whakanewha. L’un m’a fait découvrir la vie d’un centre de réhabilitation et le boulot de soigneur animalier, l’autre la vie de garde spécialisé dans la protection de l’environnement, plongeant ainsi directement au coeur de ce que je voulais découvrir.

New Zealand Dotterel monitoring

J’ai fais ça à plein temps pendant presque 6 mois et ce fut honnêtement le meilleur été de ma vie. J’y ai rencontré de nombreuses personnes toutes plus inspirantes les unes que les autres, passant mes journées à soigner des oiseaux natifs ou à crapahuter dans le bush pour protéger la faune et flore sauvage. Si j’ai pu faire du volontariat pendant si longtemps c’est parce que je vivais en van. Un super moyen de limiter les frais tout en étant flexible pour aller de volontariat en volontariat.

Puis le Covid-19 a frappé, étouffant mon projet road-trip néo-zélandais dans l’oeuf, mais aussi toutes possibilités de tour du monde. Si bien que j’ai commencé à me renseigner pour m’installer un peu plus longtemps ici en attendant que le monde se calme, et par la même occasion, finir ce pour quoi j’étais venu.

Le casse-tête des visas

Ma première année fut facile, j’avais un PVT (Programme Visa Travail) ou WHV (Work Holiday Visa). C’est un visa fait à la base pour donner aux jeunes la chance de voyager tout pouvant travailler sur place pour financer leur voyage. C’est un visa qui permet de travailler où l’on souhaite pendant un an du coup c’est aussi un petit visa miracle pour ceux qui cherchent à s’installer. La seule condition à remplir c’est d’avoir moins de 30 ans (pour les Français). Mais après cette douce première année de PVT il a fallu trouver un moyen de rester.

Pour rester il me fallait un nouveau visa. Il y a beaucoup d’options que vous pouvez trouver sur le site de l’immigration. Si vous êtes un peu perdu, demandez une consultation auprès d’immigration advisor, ils sauront vous aiguiller dans cette masse d’informations. Tout dépendra de votre profil, mais en général les gens essaient de trouver un sponsor. Il est très rare de trouver un sponsor dans la protection de l’environnement. Surtout sans diplôme ou solide expérience professionnelle.

Un sponsor est un employeur qui vous embauchera sous la condition, posée par l’immigration, qu’il n’a pas réussi à trouver de Néo-Zélandais pour le poste qu’il cherchait à pourvoir. Par chance, le monde des « Tradies » (construction, manutention, travaux publics…) et de l’hospitalité (restauration, tourisme …) sont toujours à court de personnel et il est relativement facile d’obtenir un visa dans ces domaines, partout en Nouvelle-Zélande.

La Nouvelle-Zélande offre des opportunités pour les gens motivés et travailleur, en embauchant et formant les gens même sans expérience. Contrairement en France où il faut un diplôme pour tout, ici ils donnent leur chance à n’importe qui motivé. Ce qui est génial pour les reconversions. J’ai recontré des gens venu sans expérience qui sont maintenant chef, paysagiste, charpentier, manager, prof, ranger … Trade Me Jobs ou Seek sont des classiques pour la recherche d’emploi.

Trade Me Jobs Screenshot

De nombreuses personnes passent par ce chemin pour leur première années d’installation avant de pouvoir postuler à des visa plus libre et un jour à la résidence. La résidence est le graal qui permet de rester indéfiniement et de vivre comme si l’on était Néo-Zélandais, c’est la dernière étape avant la citoyenneté. J’ai donc commencé à bosser comme aide-charpentier (Hammerhand) sur Auckland dans une boite qui fait des Tiny Homes.

Faîtes juste attention à qui vous choisissez comme employeur … Il y a beaucoup d’histoire d’abus envers les immigrés. Il y a des lois qui protègent les immigrants en Nouvelle-Zélande. Même si vous travaillez illégallement vous avez des droits. Si quelque chose ne vous semble pas normal, faites appel à un Community Law Center ou Citizen Advisor Bureau. Ils vous donnent des conseils légaux gratuitement. Et pour tout soucis d’un point de vue immigration, faites appel aux conseils d’un Immigration Advisor (certains ont des français dans leur équipe), ils permettront d’éclaircir votre situation et vous aidez à ce que votre dossier passe alors que vous avez un couac dans votre application. Les deux m’ont énormément aidé.

Je ne vais pas rentrer dans les détails mais en gros mon premier employeur fut abusif. Ce fut une période énormément stressante qui s’est soldé par la perte de mon visa de travail. Au total, je suis resté presque 9 mois sans pouvoir travailler, avec la peur d’être déporté, de perdre ma vie avec ma partenaire et avec l’obligation d’emprunter beaucoup d’argent pour payer la vie ici.

Un mal pour deux biens ! Le premier, cela m’a donné beaucoup de temps libre, que j’ai ainsi pu donner à Recreate New Zealand. Recreate NZ est une organisation formidable qui emmène des jeunes avec des handicaps mentaux en week end, camps, découvrir la nature et faire des activités. J’y ai vécu parmi mes plus belles aventures et rencontres Néo-Zélandaises. Le second c’est qu’à la suite de cette histoire, j’ai reçu un énorme soutien de la part des gens rencontrés lors de mes volontariats, si bien que la Nouvelle-Zélande a décidé de me garder. Avec un visa libre cette fois ci ! Avec ça je pouvais enfin commencer à postuler à un travail dans l’environnement.

Mon parcours professionnel 

Malheureusement avoir un visa ne fait pas tout. Trouver un travail dans la conservation n’est facile pour personne. Même en ayant la nationalité Néo-Zélandaise et après avoir fais des études dans l’environnement rien n’est garanti. J’ai mis plusieurs mois avant de trouver mon premier job dans la conservation et j’ai bossé comme menuisier en attendant.

Alors comment augmenter ses chances pour mettre ce premier pied à l’étrier ? Pour ceux qui peuvent faire des études le meilleur moyen est de faire la formation Trainee Ranger avec le NMIT qui est à Nelson. J’aurais rêvé de pouvoir faire cette formation. Cela se fait en partenariat avec le Department of Conservation, c’est une formation pratique qui dure un an. Vous y apprendrez énormément et vous aurez en sortirez avec toutes les certifications et les contacts nécessaires pour votre carrière en tant que Ranger. Personnellement, n’ayant appris l’existence de cette formation que trop tard, j’ai trouvé ma réponse dans le volontariat.

NMIT Trainee Ranger Course with the Department of Conservation

Même avec une formation ou un diplôme, le volontariat a un gros impact sur votre CV. Il montre votre motivation et vous y gagnerez de nombreuses compétences pratiques qui manquent souvent à une formation universitaire. Si vous faite cela à plein temps pendant un petit moment vous aurez presque les mêmes missions et la même autonomie qu’un professionnel. Et vous pourrez ainsi démontrer d’une expérience concrète dans le domaine lors du processus d’embauche.

En 2 ans j’ai cumulé presque 2000h de volontariat dont 1500h dans la conservation. Cela m’a permis d’acquérir des compétences dans de nombreux domaines :

  • En rehabilitation d’oiseaux natifs avec le Native Bird of Waiheke
  • En surveillance d’oiseaux menacées, piégeages de nuisible, contact avec le public dans des zones protégées et diverses tâches courantes d’éco-gardes avec Auckland Regional Park
  • En management d’espèces en voie d’extinction avec le Department of Conservation sur des îles sanctuaires comme Tiritiri Matangi Island ou sur Kapiti Island
  • En connaissance de flore native en travaillant avec des pépinières d’arbres natifs ou lors de journées de plantage.
  • En social, travaillant avec les communautés de jeunes grâce à Recreate NZ.

Le fait de travailler comme charpentier puis menuisier était aussi un choix stratégique. Il est souvent recherché chez un Ranger d’avoir un esprit pratique et d’être un peu bricoleur. La Santé et Sécurité, qui est très chère au Department of Conservation, peut aussi se développer dans n’importe quel métier. Regardez les offres d’emplois et les compétences recherchées, peut être que certaines peuvent se développer dans votre actuel métier.

Après 2 ans et demi à naviguer entre mes visas et mes différents boulots, j’ai enfin décroché mon premier job dans la conservation ! J’ai rejoins Kaitiaki o Ngahere sur Nelson, une entreprise qui fait de la restauration écologique. La restauration écologique consiste à restaurer les habitats en protégeant les forêts natives, enlevant les plantes indésirables, mais aussi en replantant. En gros vous avez les mêmes missions qu’un jardiner, mais ici votre jardin, c’est la forêt, le bush.

C’est un superbe moyen de commencer votre carrière. Il y a beaucoup plus d’offres dans ce domaine et c’est beaucoup plus accessible. On ne s’y occupe pas d’animaux donc cela intéresse moins les gens. Du coup vous pouvez y entrer sans trop d’expériences et vous aurez beaucoup de formations pratiques incluses. Cela développera votre forme physique, votre connaissance des plantes ainsi qu’énormément de compétences nature : Navigation GPS, randonnée dans l’arrière pays, conduire 4×4 hors des sentiers, traversée de rivières à pied ou en 4×4, comment rester en sécurité dans la nature ou lors d’excursions en hélicoptère.

Je suis rapidement devenu responsable d’une petite équipe et responsable de la santé et sécurité de la branche. J’ai adoré travailler dans cette entreprise, j’y ai appris énormément et puis ce fut mon premier boulot dans la protection de l’environnement. Payé, non pour détruire, mais pour passer mon temps dans la nature, à la protéger.

Crossing rivers with 4×4 to get lost in the bush

Là où vous aurez le plus de chance pour trouver un boulot dans la protection de l’environnement en Nouvelle-Zélande c’est ici : https://conservationjobs.co.nz La plupart des positions disponibles sont postées sur ce site.

Retournant sur l’île du Nord, j’ai postulé à de nombreuses positions. Ce fut rassurant de recevoir plusieurs offres. Comme quoi mettre le premier pied à l’étrier était vraiment le plus difficile. Et c’est ainsi qu’à ma plus grande surprise je fus sélectionné pour être un Tara iti Ranger (NZ Fairy Tern) pour le Department of Conservation. Je n’en revenais pas … Travailler pour le DOC, à la protection d’un oiseau menacé ! Cela dépassait mon imagination.

Et la principale raison pour laquelle j’ai été embauché ? Mon volontariat et mon sens de la santé et sécurité au travail. Les missions avec Whakanewha sur Waiheke Island, lorsque je surveillais les NZ Dotterels sont presques identiques à celles d’un Fairy Tern Ranger, ce qui a beaucoup plu au panel de recrutement.

En bref

En bref. Je travaille avec une superbe équipe à sauver espèce en danger imminent d’extinction. Du côté visa, je viens de recevoir ma Résidence ! Je me suis fais des amis aux quatres coins de la Nouvelle-Zélande et vis avec la personne que j’aime. Je suis heureux et je n’aurais pas cru cela possible.

Ce voyage en Nouvelle-Zélande m’a permis de rencontrer des gens incroyables et de vivre des expériences inoubliables. Partir fut la plus belle des décisions. De, seul dans une ville malade, à, entouré de gens bienveillant et de nature. Le voyage et le volontariat m’ont offert cela. Je recommande le volontariat à tout le monde. J’aurais aimé découvrir cela plus jeune, avant même de commencer mes études. Et si vous ne savez pas quoi faire, voyagez !

Il est parfois difficile de trouver sa place dans le monde et j’espère que cet article pourra vous donner de l’inspiration si vous aussi, vous vous sentez bloqué comme je me suis senti bloqué pendant tant d’années. Si il y avait une chose à retenir de cet article, c’est que vous pouvez changer, c’est possible. Même sans étude, même sans expérience, même à 33 ans.

Pour finir, une petite citation que j’ai mis trop d’années à vraiment comprendre :

On a deux vies, et la deuxième commence le jour où l’on se rend compte qu’on n’en a qu’une.

Confucius

Tara iti – NZ Fairy Tern – rarest bird in New Zealand

Un commentaire

  1. Bonjour Arthur, Je suis émue de voir le courage de la jeune génération à trouver le bonheur tout en respectant notre planète. Tout simplement inspirant. Lucile (Une amie de ta maman)

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