Kia Ora chers explorateurs ! En parallèle de mon volontariat pour le Native Bird Rescue j’ai voulu en apprendre plus sur la conservation en Nouvelle-Zélande. Après tout, c’est pour ça que je suis ici. Devenir Conservation Ranger volontaire, ça consiste en quoi au fait ?

Commencer ce volontariat a été plutôt simple, je me suis rendu dans le parc régional à côté de chez moi et je suis tombé sur un des ranger du parc. En discutant j’ai annoncé que je cherchais du volontariat et dès le lendemain, après une petite induction, j’ai été embarqué pour une petite mission dans le bush. Vous trouverez des détails concrets dans : comment trouver de l’éco volontariat en Nouvelle-Zélande.

Comme j’étais très disponible j’ai pu revenir presque tous les jours. Les missions des Rangers sont très variées. Ils doivent s’occuper du camping (réservation, commodités…), des animaux et plantes nuisibles (surveillance, piégeage, désherbages …), de la forêt (élevage et plantage d’arbres, entretien des sentiers), des animaux protégés (surveillance et protection) et bien sur des gens qui parcourent le parc (prévention, guide …).

Les rangers de parc font en général un peu de tout mais les conservations ranger eux, s’occuperont particulièrement de la bio sécurité et biodiversité dans le parc. Par chance Whakanewha est un parc avec un conservation ranger et j’ai pu la suivre sur ses missions de surveillance et de protection de la faune sauvage native. Et particulièrement ses missions autour d’une espèce menacée : la New Zealand Dotterel.

Protection de la faune native.

Pour ceux qui ne le savent pas, la Nouvelle-Zélande prend très au sérieux la protection de ses espèces natives. J’en parle ici : Faut-il contrôler la biodiversité en Nouvelle-Zélande ?

Les parcs sont des endroits privilégiés pour la biodiversité, avec une faible présence de l’homme et un habitat protégé ce sont des lieux primordiaux pour la protection de la faune et de la flore. Les rangers ont donc un énorme travail de contrôle des prédateurs à effectuer.

La première partie lorsqu’on veut protéger une aire et tout d’abord d’apprendre quels prédateurs sont présents, en quels nombres et où. Cela permet de mettre en place une stratégie.

C’est à ça que servent les « tracking tunnels » ou tunnels de suivi. On dispose des cartes recouvertes avec de l’encre et un appât au milieu dans des tunnels. Après une journée on relève les cartes pour voir quels animaux ont laissé des traces.

Une carte recouverte de trace de souris et de Wētā (un insecte Neo-Zélandais)

Par chance il n’y a pas de Possum sur Waiheke. Mais on trouve des hérissons, des belettes, et des rats qui sont tous friands d’oiseaux, d’oeufs, de lézards et bien d’autres espèces natives.

Après avoir identifier les prédateurs on pose des pièges. À Whakanewha il y en a a peu près 800. Et certains vont vous choquer.

Le premier pièges est un piège à rat et souris « bait stations ». On y dépose un appât empoisonné que l’on change tous les 3 mois. On alterne le type de poison pour éviter que les populations développe une resistance.

Bait station

Le deuxième piège le plus courant est celui qui cible les belettes et les hérissons. Le DOC 200. On place un appât et l’animal déclenche une tapette à souris version surboostée quand il passe dessus. Ils demandent plus de maintenance. On change l’appât, qui est un bout de viande fraiche, régulièrement. Ils sont donc en général moins nombreux, placés autour des zones sensibles et souvent plus facile d’accès. Vous les rencontrez probablement lors de vos randonnées, en bord de chemin.

DOC 200

Le troisième type de piège visent les chats. Oui les chats sont un énorme problème en Nouvelle-Zélande. La plupart des oiseaux natifs sont sans défense faces à eux. Beaucoup d’oiseaux néo-zélandais volent mal, nichent à même le sol et compte uniquement sur leur camouflage, ce qui n’est pas très effectifs contre des mammifères à l’odorat sur développé.

Cat Live trap

Whakanewha étant un parc proche d’habitations les pièges à chat ne tuent pas. J’avais donc pour mission de vérifier les pièges chaque jour. Les pièges étant réparti un peu partout dans le parc j’ai été formé à l’utilisation d’un « side by side », ou LUV pour Light Utility Vehicule. Je l’utilisais chaque matin aux premières heures pour parcourir le parc. Quand on attrape un chat, il est amené chez le vétérinaire qui cherchera le propriétaire. Les chats non pucés finiront euthanasié.

Side by Side dans l’atelier

Une solution complémentaire pour protéger les zones très sensible est d’installer une barrière. Étant en général très cher à installer et à maintenir il n’y en a pas partout. À Whakanewha les rangers en ont installé une juste sur un bout de plage où les oiseaux nichent. Simple mais très efficace, il faut cependant inspecté la barrière régulièrement au cas où une brèche apparaitrait.

La barrière protège des prédateurs mais elle protège aussi des humains. Ces oiseaux nichent à même le sol et un humain aura vite fait de faire fuir les parents ou d’écraser un oeuf. Les oiseaux et les nids sont très mimétiques, si bien que la plupart des gens passeront à côté sans s’en apercevoir. La barrière n’est cependant pas suffisante et certaines personnes décident de passer outre, c’est pour cela que les rangers doivent aussi patrouiller. C’est assez fou le nombre de gens qui ne respectent pas les zones sensibles.

En plus de ne pas respecter les zones sensibles, certains le font en promenant leur chien … Les chiens feront fuir les futurs parents de leur nid, et ils tueront un oiseau si ils arrivent à en attraper. Une étude a montré qu’une Dotterel fuira le nid lorsqu’un chien tenu en laisse est présent sur la plage à une distance 3 fois supérieure à celle nécessaire pour que l’oiseau s’envole lorsque l’humain est seul. Donc même si votre chien est en laisse ou qu’il a jamais attaqué un oiseau, il sera toujours un danger pour la survie de cette espèce menacée. Les chiens sauvages sont inexistant en NZ mais il est courant que certains échappent à leur propriétaire. Lors d’une après midi, nous avons été appelé en urgence car deux chiens avaient été aperçu sur la plage. On est tout de suite parti patrouiller et après 1h de course poursuite nous les avons finalement attrapés. Bien que mignons et dociles, ils avaient déjà fait des dégâts. Un nid fut abandonné (les parents ne sont jamais revenu couver) et un oiseau n’a jamais été retrouvé, probablement mangé.

Les deux frères après leur méfaits, attendant la fourrière à l’arrière du PickUp.

La New Zealand Dotterel étant menacée elle fait aussi l’objet d’un suivi de population. J’ai passé de nombreuses heures à vadrouiller cette plage pour compter les oiseaux, voir les couples qui se forment, où ils nichent et faire un suivi du nombre d’oeuf et des poussins. J’en ai profité pour aussi suivre d’autres espèces qui nichaient sur la même plage comme les Oystercatcher ou les Stilts.

Un carnet, des jumelles, une longue vue et un appareil photo pour les souvenirs.

C’était magnifique de surveiller cette plage et d’apprendre à connaître les différents couples, les différentes espèces, voir les premiers oeufs arriver, les premiers poussins parcourir la plage … Le moment le plus émouvant est certainement de les voir prendre leur premier envol après les avoir vu tout petit.

Protection de la flore native.

Une autre partie du job de conservation ranger est de s’occuper de la forêt et des plantes. En effet, les plantes exotiques posent aussi un soucis à la faune et flore locale. Les rangers ont alors deux missions principales, éradiquer les plantes indésirables et planter des espèces natives pour les remplacer.

Un des boulot que je ne m’attendais pas à apprécier autant fut de travailler dans la pépinière du parc. Partir dans le bush collecter les graines, mettre les mains dans la terre, s’occuper de jeunes pousses si fragiles, qui deviendront un jour des arbres de cette forêt fut cathartique. Moi qui a toujours vécu en ville cela m’a boulversé. S’occuper d’un être vivant qui n’atteindra sa maturité que dans quelques centaines d’années est très spécial.

La pépinière de Whakanewha

Quand les plantes sont assez grandes pour être plantées, les rangers organisent en général des journées impliquant la communauté locale pour se regrouper et planter des centaines de bébés arbres.

Nouvelle plantation.

Pour le désherbage, la plus grande partie est sous traitée. C’est en effet très chronophage de parcourir une forêt entière pour la désherber. Quand je dis désherber il s’agit bien souvent de plantes qui ne sont pas de l’herbe. Il y a de tout, des arbres, des arbustes et des plantes grimpantes en tout genre. Elles prolifèrent grâce au climat de la Nouvelle-Zélande et finissent par prendre le dessus sur les plantes natives qui sont beaucoup plus lentes à grandir et moins compétitives sur les ressources.

Durant cet été, les rangers ont eu aussi pour mission d’arroser la forêt à cause d’une sécheresse sur l’île. Les arbres les plus sensibles (jeunes) avaient besoin de cette attention pour ne pas dépérir.

En plus de toutes ces missions autour de la protection de l’environnement, le ranger doit s’occuper de la maintenance du parc en général.

Vous l’aurez compris, il y a énormément de travail. Si bien que vous serez toujours le bienvenu si vous souhaiter aider les rangers. Il y a des parcs régionaux partout autour des grandes villes, foncez !

A propos de Whakanewha

Une petite parenthèse pour vous parler de ce parc. Whakanewha est un des 28 Regional Park d’Auckland City Council. Il est situé sur l’île de Waiheke. Comparé à d’autres parc régionaux il possède beaucoup de surface boisé et une très grande biodiversité. On voit facilement énormément d’espèces natives alors qu’ils sont en général rares à voir sur le Mainland. Je recommande vivement d’y passer quelques nuit et de vous immerger dans la forêt, ou pic-niquer en bord de plage au coucher du soleil et à observer tous ces oiseaux qui vivent sur la plage et qu’on ne remarque pas au premier regard.

En conclusion

Pour faire simple, j’ai adoré ce volontariat. L’endroit est magnifique, les missions de conservation ranger sont tellement variés qu’on ne s’ennuie pas. J’y ai appris énormément de choses et j’y ai rencontré des gens formidables et très inspirants. En combinaison avec mon volontariat au Native Bird Rescue, cette saison sur Waiheke a été une expérience inoubliable. Ce volontariat m’a motivé plus que jamais à devenir Kaitiaki, un gardien, un ranger, un jour.

J’ai passé un été magique et je recommande cette expérience à n’importe qui a envie de s’immerger dans la protection de la vie sauvage. Je vous laisse avec une petite vue depuis le camping. Un soir d’été sous les étoiles.

Whakanewha campground view

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